Géographie
Le relief du pays est dominé par le plateau brésilien, vaste zone de hauts plateaux, et par le bassin du fleuve Amazone. Les hauts plateaux érodés occupent la majeure partie de la moitié méridionale du Brésil. D'une altitude moyenne de 305 à 915 m, ils sont entrecoupés de chaînes montagneuses et de nombreuses vallées.
Parmi les grandes chaînes du plateau brésilien figurent notamment la Serra da Mantiqueira, la Serra do Mar ou encore la Serra Geral. Leur altitude moyenne est inférieure à 1 200 m, mais plusieurs sommets culminent à des altitudes plus élevées. C'est le cas du mont Bandeira, dans la Serra da Mantiqueira qui atteint 2 890 m ou encore le Pedra Açu à 2 232 m dans la Serra do Mar. La végétation de ces hauts plateaux est essentiellement formée de savane appelée campos.
Au nord, le bassin de l'Amazone occupe plus du tiers du pays. Dans cette zone basse le fleuve irrigue une immense plaine marécageuse recouverte de forêts vierges appelées selvas.
Au nord de l'Amazonie se trouve une autre région montagneuse qui fait partie du massif des Guyanes. De faible altitude, cette région comprend la Serra Tumucumaque qui culmine à environ 900 m d'altitude, la Serra Acaraí avec une altitude maximale d'environ 460 m et la Serra Parima qui s'élève à près de 1 500 m. C'est dans cette région, à la frontière vénézuélienne, que se trouve le Pic da Neblina, point culminant du Brésil avec 3 014 m.
Plus des deux tiers du Brésil sont drainés par les fleuves Amazone et Tocantins. Le Río de La Plata et ses affluents irriguent également un cinquième du pays et le reste par le fleuve São Francisco et de plus modestes cours d'eau. L'ensemble formé par l'Amazone et ses immenses ramifications (le Negro, le Japurá, le Putumayo, au nord, le Javari, le Purus, le Juruá, le Madeira, le Tapajós, au sud) ainsi que par le Tocantins constitue un système de navigation fluviale comparable seulement à celui formé par le Mississippi aux États-Unis. De sa source à Iquitos, au Pérou, à son embouchure sur la côte nord-est du Brésil, l'Amazone est long de 6 280 km. Il est navigable sur 3 700 km par des cargos de haute mer.
En raison de son immensité, le Brésil possède des climats très divers, depuis le climat tropical au climat subtempéré.
Bien que les terres cultivées ne représentent que 62 millions d'hectares, soit moins de 7,5% de la superficie totale du pays, le Brésil est une grande puissance agricole. Grâce à la forêt amazonienne qui couvre près de 5,7 millions de km2, il dispose d'immenses ressources en bois. Il possède également de nombreuses richesses minérales parmi lesquelles le quartz, le diamant, le chrome, le charbon, le manganèse, le pétrole, le titane, l'or, la bauxite, le zinc, le mercure, le minerai de fer, le mica, l'étain ou le phosphate.
Société
On évalue la population du Brésil à 160 000 000 habitants. Près de 75% de la population brésilienne est urbaine.
Les Blancs d'origine européenne représentent environ 55% de la population. Les principaux autres groupes ethniques sont les mûlatres d'origine européenne et noire (22%), les métis d'origine européenne et amérindienne (12%) et les Noirs (11%). Les Amérindiens ne constituent plus que 0,1 % de la population.
Le Brésil regroupe 26 États fédérés plus le district fédéral de Brasília. Les États se répartissent en cinq régions administratives : le Nord (Acre, Amapá, Amazonas, Pará, Randônia, Roraima, Tocantins), le Nordeste (Alagoas, Bahia, Ceará, Maranhão, Paraíba, Pernambouc, Piauí, Rio Grande do Norte, Sergipe), le Sudeste (Esperíto Santo, Minas Gerais, Rio de Janeiro, São Paulo), le Sud (Paraná, Rio Grande do Sul, Santa Catarina) et le Centre-Ouest auquel est rattaché le district fédéral de Brasília (Goiás, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul). Autrefois située à Rio de Janeiro, la capitale du pays a été transférée en 1960 dans la ville nouvelle de Brasília, construite pour rééquilibrer le pays au profit de l'intérieur.
La plus grande ville est São (10 millions d'habitants). Les autres grandes agglomérations sont Rio de Janeiro (6 millions d'habitants), Pôrto Alegre, Salvador, Belém, Recife, Curitiba, Belo Horizonte, Manaus.
La langue officielle du pays est le portugais. De nombreux Brésiliens parlent cependant une autre langue, en raison de leurs origines, comme l'allemand ou l'italien, particulièrement dans les villes du Sud.
Gouvernement et vie politique
Le Brésil est une République fédérale constitutionnelle. Elle regroupe 26 États fédérés et un district fédéral. L'actuelle Constitution fut promulguée en octobre 1988, en remplacement de celle de 1969. Chaque État fédéré possède son propre gouvernement aux pouvoirs cependant mal définis par rapport à ceux du gouvernement fédéral.
Le Congrès national du Brésil est composé de deux Chambres. D'une part, le Sénat avec 81 sénateurs élus pour huit ans, d'autre part la Chambre des députés avec 503 députés élus pour quatre ans. Les députés sont élus par chaque État fédéré en proportion de leur population.
La libéralisation du climat politique dans les années 1980 a permis l'apparition de près de 40 partis politiques. Parmi eux, on peut citer le Parti du front libéral, le Parti progressiste réformateur de Paulo Maluf (maire de São Paulo, première ville du pays), le Parti du mouvement démocratique brésilien d'Orestes Quercia, le Parti des travailleurs de Luis Inacio (Lula) da Silva, ou encore le Parti populaire socialiste (nom du parti communiste brésilien depuis 1992).
Economie
Pays autrefois à vocation essentiellement agricole, le Brésil a connu une forte croissance industrielle dans les décennies 1960 et 1970 lui permettant, dans les années 1980, de présenter une économie moderne diversifiée. Cette croissance a été accompagnée d'une très forte exploitation des ressources naturelles, en particulier du charbon et du minerai de fer.
En juillet 1994, pour lutter contre l'inflation, une nouvelle monnaie, le réal, a été mise en circulation. Contrairement au cruzado, la monnaie précédente, le réal ne s'est pas dévalué à toute vitesse et l'inflation a fortement régressé depuis son introduction.
Près du quart de la production mondiale de café provient des plantations brésiliennes des États de São Paulo, de Paraná, d'Esperíto Santo et du Minas Gerais. Le Brésil est également dans les tout premiers rangs mondiaux pour la production de canne à sucre (utilisée non seulement pour la fabrication du sucre, mais aussi pour celle d'alcool destiné à faire fonctionner un parc automobiles de 2,5 millions de véhicules), de ricin, de cacao, de maïs et d'oranges. Il produit également de grandes quantités de soja, tabac, pommes de terre, coton, riz, blé, manioc et bananes. L'élevage ovin et bovin est également bien représenté dans presque tous les États.
La forêt brésilienne recèle un grand nombre de richesses naturelles telles que l'huile de tung, le caoutchouc, l'huile de carnauba, la fibre de caroa, des plantes médicinales, des huiles végétales, des résines, des bois de construction ou d'ébénisterie. Parmi ces bois, certains ont une forte valeur commerciale comme le pin du Pananá. L'exploitation forestière s'est rapidement développée au cours des années 1970 et 1980 à mesure que l'occupation humaine gagnait du terrain sur la forêt. Cette exploitation, très extensive, ne respecte guère les équilibres naturels de la forêt amazonienne. Par bien des aspects, elle s'apparente plus à une déforestation anarchique qu'à une exploitation rationnelle soucieuse de préserver l'avenir du patrimoine écologique du pays.
L'Amazone fait l'objet d'une véritable ruée vers l'or depuis 1979 qui a fait du pays l'un des tout premiers producteurs aurifères du monde. Les mines de fer d'Itabira sont parmi les plus riches du monde. Depuis le début des années 1990, le Brésil produit chaque année environ 150 millions de tonnes de minerai de fer, soit 15% de la production mondiale, ce qui le place au deuxième rang des pays producteurs de ce minerai. Le Brésil est aussi le deuxième producteur mondial d'étain.
Grâce à la diversité de ses richesses minérales, le Brésil est l'un des tout premiers exportateurs de matières premières comme le quartz ou le béryllium. Il produit et commercialise également des quantités importantes de manganèse, de chrome, de zirconium, de gaz naturel, d'argent, de bauxite (5e producteur mondial) ou de mica.
L'exploitation pétrolière offshore au large de Rio de Janeiro permet désormais de couvrir 60% des besoins en hydrocarbures du pays.
Au début des années 1990, plus de 90% de l'électricité brésilienne était d'origine hydraulique. Les principales centrales hydroélectriques sont situées sur le Paraná, la rivière São Francisco et sur le Rio Grande. Le pays dispose, à Itaipu, sur le Paraná, d'une des plus importantes centrales hydroélectriques du monde.
Histoire
Les premiers habitants de l'actuel Brésil furent les Indiens Arawak et Caribes, au nord, les Tupí-Guarani, sur la côte est et le bassin amazonien, les Ge, installés dans les régions orientales et méridionales du pays, et les Pano, à l'ouest. La plupart de ces tribus étaient semi-nomades et vivaient de chasse, de cueillette et d'une agriculture primaire.
Le premier explorateur européen fut le navigateur espagnol Vicente Yáñez Pinzón. Après sa traversée transatlantique, il toucha terre près du site de l'actuelle Recife, le 26 janvier 1500. Il navigua ensuite le long de la côte, vers le nord, jusqu'à l'embouchure du fleuve Orénoque. Cependant, en vertu des décisions du traité de Tordessillas (1494), qui modifiait la ligne de partage instaurée en 1493 par le pape Alexandre VI pour délimiter les empires portugais et espagnol, le nouveau territoire fut attribué au Portugal. L'Espagne ne revendiqua donc pas la découverte de Pinzón.
En avril 1500, le navigateur portugais Pedro Álvares Cabral atteignit lui aussi les côtes brésiliennes. Il proclama officiellement la région possession du Portugal. Le territoire fut nommé Terra da Vera Cruz (en portugais, "Terre de la Vraie Croix"). En 1501, le navigateur italien Amerigo Vespucci mena une expédition sur ce nouveau territoire à l'instigation du gouvernement portugais. Au cours de ses explorations, Vespucci reconnut et baptisa nombre de caps et de baies, dont celle de Rio de Janeiro. Il revint au Portugal avec du brésillet (bois de Pernambouc qui fournit une teinture rouge). La Terra da Vera Cruz prit, à partir de cette date, le nom de Brésil.
En 1530, le roi du Portugal, Jean III le Pieux, entreprit un programme de colonisation systématique du Brésil.
Thomé de Souza, arrivé au Brésil en 1549, mit sur pied un gouvernement central dont la capitale fut fixée dans la nouvelle cité de Salvador de Bahia. Il réforma complètement l'administration et la justice. Pour protéger le pays de la menace française, il établit un système de défense côtière. L'importation de nombreux esclaves africains permit de pallier la pénurie de main-d'œuvre locale. C'est durant cette période, en 1554 exactement, que fut fondée au sud du pays la ville de São Paulo.
L'année suivante, en 1555, les Français tentèrent de s'installer en établissant une colonie sur les rives de la baie de Rio de Janeiro. En 1560, les Portugais détruisirent cette colonie et créèrent, en 1567, la cité de Rio de Janeiro.
En 1580, Philippe II, roi d'Espagne, hérita de la couronne du Portugal. Cette période d'union des deux royaumes, jusqu'en 1640, fut marquée par de fréquentes agressions anglaises et hollandaises contre le Brésil. Ainsi, en 1624, une flotte hollandaise s'empara de Bahia. Mais l'année suivante, la ville fut reprise par une armée composée d'Espagnols, de Portugais et d'Indiens. Les Hollandais reprirent leurs attaques en 1630. À cette occasion, une expédition subventionnée par la Compagnie hollandaise des Indes occidentales prit Pernambuco, l'actuelle Recife, et Olinda. Les territoires compris entre l'île de Maranhão et la zone en aval du fleuve São Francisco tombèrent ainsi aux mains des Hollandais. Sous la compétente autorité de Jean-Maurice de Nassau-Siegen, la partie du Brésil occupée par les Hollandais prospéra durant plusieurs années. Mais en 1644, Nassau-Siegen démissionna pour protester contre l'exploitation menée par la Compagnie hollandaise des Indes occidentales. Peu après son départ, les colons portugais, soutenus par le Portugal, redevenu indépendant de l'Espagne en 1640, se rebellèrent contre le pouvoir hollandais. En 1654, au bout de dix années de luttes, les Pays-Bas capitulèrent et, en 1661, ils renoncèrent officiellement à leurs revendications territoriales sur le Brésil.
En 1640, après la rupture de l'union entre les deux couronnes d'Espagne et de Portugal, le Brésil repassa donc sous la souveraineté portugaise et devint une vice-royauté. Espagnols et Portugais vécurent alors pacifiquement en Amérique du Sud jusqu'en 1680, date d'une expédition portugaise au sud de la rive orientale du Rio de la Plata où ils fondèrent une colonie. Ce fut la cause d'une longue série de troubles qui ne s'acheva véritablement qu'en 1828 avec la création de la république d'Uruguay.
Dès le début du XVIIe siècle, des missionnaires jésuites firent des incursions en Amazonie.
Sous le règne du roi Joseph Ier du Portugal, le Brésil connut de nombreuses réformes à l'instigation du marquis de Pombal, secrétaire aux Affaires étrangères et à la Guerre puis Premier ministre. Les esclaves indiens furent affranchis, l'immigration encouragée et les impôts réduits. Pombal atténua le poids du monopole royal sur le commerce international de la vice-royauté, centralisa l'appareil gouvernemental brésilien dont le siège fut transféré de Bahia à Rio de Janeiro en 1763. Trois ans auparavant, en 1760, à l'exemple de ce qu'il avait déjà fait en 1759 au Portugal, Pombal expulsa les jésuites du Brésil. La raison officielle fut le mécontentement populaire suscité par l'influence jésuite chez les Indiens et leur poids grandissant dans l'économie.
Les guerres napoléoniennes infléchirent profondément le cours de l'histoire brésilienne. Dès novembre 1807, Napoléon traversa avec son armée la frontière hispano-portugaise. Sans attendre l'arrivée des Français, le prince Jean, régent du Portugal, et la Cour embarquèrent à Lisbonne à destination du Brésil. Le gouvernement royal du Portugal fut donc installé à Rio de Janeiro.
En mars 1816, le prince Jean devint roi du Portugal sous le nom de Jean VI le Clément.
Le sentiment républicain, largement répandu à travers le pays après la Révolution française, gagna une audience considérable lorsque les colonies espagnoles voisines devinrent indépendantes. Dès 1816, Jean VI dut intervenir pour occuper la région du Banda oriental sous le contrôle des révolutionnaires hispano-américains.
Jean VI nomma son deuxième fils, Dom Pedro, régent du Brésil. Mais au Portugal, une vive opposition s'était formée contre les réformes entreprises dans la vice-royauté. L'Assemblée portugaise, les Cortes, vota une série de lois destinées à redonner au Brésil son ancien statut de colonie. Dom Pedro fut sommé de rentrer en Europe. En 1822, devant les demandes et l'indignation des Brésiliens, Dom Pedro annonça son refus de quitter le pays. En juin 1822, il fit convoquer une Assemblée constituante. En septembre 1822, alors que des envoyés du Portugal révélaient que les Cortes ne feraient plus aucune concession aux nationalistes, Dom Pedro proclama l'indépendance du Brésil. La même année, un vote de la Haute Chambre de l'Assemblée constituante fit de lui l'empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier. À la fin de 1823, toutes les troupes portugaises stationnées au Brésil durent se rendre au nouveau régime.
Régnant en véritable dictateur, Pierre Ier perdit beaucoup de popularité lors de sa première année au pouvoir. En 1823, à cause de dissensions avec l'Assemblée constituante, il décida de la dissoudre et promulgua une nouvelle constitution en mars 1824. L'année suivante, en 1825, l'Argentine soutint une révolte dans la province Cisplatine. Ce soutien fut considéré par le Brésil comme une provocation et la guerre fut déclarée entre les deux pays. Défaits en 1827, les Brésiliens durent accorder, à l'issue de négociations menées sous la médiation britannique, l'indépendance à la province Cisplatine et à l'Uruguay. La fin des années 1820 vit la montée de l'opposition populaire contre Pierre Ier. En 1831, celui-ci décida finalement d'abdiquer en faveur de Pierre II, son héritier présomptif âgé de 5 ans.
En juillet 1840, le Parlement brésilien proclama la majorité de Pierre II qui put donc prendre la tête de l'État. Il se révéla un des monarques les plus compétents de son époque. Sous son règne, qui dura près d'un demi-siècle, les croissances économique et démographique du pays furent exceptionnelles. La production nationale fut multipliée par 10 et le pays commença à se doter d'un réseau ferroviaire. La politique extérieure du gouvernement impérial était ouvertement hostile aux dictatures voisines. De 1851 à 1852, le Brésil soutint donc la lutte révolutionnaire qui abattit le dictateur argentin Juan Manuel de Rosas.
De 1865 à 1870, alliée à l'Argentine et à l'Uruguay, il combattit victorieusement le Paraguay.
En 1853, Pierre II interdit le débarquement d'esclaves noirs. Quelques années plus tard, une campagne en faveur de l'émancipation fut lancée à travers tout le pays. À cette époque, le Brésil comptait 2,5 millions d'esclaves. Les abolitionnistes remportèrent leur première victoire en 1871, lorsque le Parlement approuva une loi affranchissant les enfants nés d'une mère esclave.
À la même époque, un sentiment républicain se développa dans le pays, notamment en raison des sacrifices endurés lors de la guerre contre le Paraguay. Ces différents facteurs conduisirent à l'instauration de la première république.
En novembre 1889, une révolte militaire dirigée par le général Manuel Deodoro da Fonseca obligea Pierre II à abdiquer. La république fut alors proclamée sous l'autorité d'un gouvernement provisoire dirigé par Fonseca. Aussitôt, un certain nombre de réformes d'inspiration républicaine furent décrétées dont la séparation de l'Église et de l'État. La rédaction d'une constitution fut achevée en juin 1890. Inspirée par la Constitution des États-Unis, elle fut adoptée en février 1891, faisant du Brésil une République fédérale, sous le titre officiel d'États-Unis du Brésil. Fonseca fut le premier président élu.
Dès 1891, la politique et les méthodes arbitraires de Fonseca soulevèrent une forte opposition du Congrès. Début novembre 1891, Fonseca choisit de dissoudre l'Assemblée et d'imposer un pouvoir dictatorial. Mais, poussé à démissionner par une révolte de la Marine, il céda le pouvoir à son vice-président, Floriano Peixoto. Celui-ci établit un gouvernement tout aussi dictatorial que celui de son prédécesseur.
L'ordre ne revint progressivement dans le pays que sous le gouvernement du premier président de la République civil, Prudente José de Moraes Barros.
La production de café et de caoutchouc progressait régulièrement. Le pays semblait destiné à connaître la prospérité, mais la chute du cours du café sur le marché international entre 1906 et 1910 créa de graves déséquilibres dans l'économie brésilienne. La situation se dégrada encore avec la baisse des prix du caoutchouc.
En 1922, l'amorce d'une nouvelle crise économique obligea le gouvernement à faire des coupes drastiques dans le budget de l'État. Le mécontentement général déboucha en juillet 1924 sur une large révolte, dont l'épicentre était à São Paulo. La révolte fut matée après six mois d'affrontements par l'armée restée loyale envers le président Artur da Silva Bernardes, élu en 1922. Pour éviter de nouveaux troubles, Bernardes décréta la loi martiale qui resta en vigueur jusqu'à la fin de son mandat. En août 1927, le gouvernement décida l'interdiction des grèves.
À l'issue des élections présidentielles de mars 1930, Julio Prestes, le candidat pro-gouvernemental, fut déclaré vainqueur devant Getúlio Vargas. Ce dernier était un homme politique de premier plan, fervent nationaliste, originaire de l'État de Rio Grande do Sul. Il disposait du soutien d'une grande majorité de l'armée et de la classe politique. En octobre 1930, il déclencha un coup d'État. Après trois semaines de combats, Vargas fut désigné président provisoire, avec de très larges pouvoirs.
En 1933, Vargas entreprit de doter le pays d'une nouvelle constitution en convoquant une Assemblée constituante. Le nouveau texte, adopté en 1934, prévoyait notamment le droit de vote des femmes, la sécurité sociale pour les travailleurs et l'élection du président par le Congrès. Le 17 juillet 1934, Vargas fut élu officiellement président.
Au cours de la première année de son mandat constitutionnel, Vargas rencontra une forte opposition de la part de l'aile gauche du Mouvement des travailleurs brésiliens. En novembre 1935, des tentatives de révoltes communistes furent déjouées à Pernambuco et à Rio de Janeiro. La loi martiale fut instaurée et Vargas gouverna par décrets présidentiels. Pour réduire la force de l'opposition, de grandes vagues d'arrestations d'opposants au gouvernement eurent lieu.
En novembre 1937, à la veille des élections présidentielles, Vargas fit dissoudre le Congrès et proclama une nouvelle constitution lui conférant un pouvoir absolu. Il réorganisa le gouvernement et l'administration du pays à l'exemple des régimes totalitaires italien et allemand. Les partis politiques furent interdits, la presse et la correspondance furent soumises à une étroite censure.
Le gouvernement de Vargas, officiellement désigné par le titre d'Estado Novo ("l'État nouveau"), devait rester au pouvoir jusqu'à ce que soit décidée la date d'un référendum sur de nouvelles lois organiques. Cette date ne fut en réalité jamais fixée.
Mais pendant ce temps, les manifestations de mécontentement à l'égard de Vargas se multipliaient. À la suite d'un défi lancé en février 1945 par un groupe d'éditeurs, le gouvernement accepta d'assouplir la censure sur la presse. Le 28 février 1945 fut annoncée la tenue d'élections présidentielles et législatives. Peu à peu, les principales entraves à l'activité politique furent levées. En avril 1945, tous les prisonniers politiques, y compris les communistes, furent amnistiés.
En octobre 1945, un coup d'État militaire obligea finalement Vargas à démissionner. José Linhares, premier magistrat de la Cour suprême, fut nommé président provisoire dans l'attente des élections. Celle-ci eurent lieu en décembre 1945. Elles donnèrent une large victoire à l'ancien ministre de la guerre, Eurico Gaspar Dutra. Il entra en fonction en janvier 1946. Les députés nouvellement élus furent chargés de rédiger la nouvelle constitution, adoptée en septembre 1946.
Getúlio Vargas retrouva la présidence du Brésil en janvier 1951 à la suite des élections tenues en octobre précédent. Il forma un gouvernement de coalition avec les grands partis. Aussitôt en fonction, ce gouvernement prit des mesures pour équilibrer le budget de l'État et mettre en place un programme de réduction de l'inflation, d'augmentation des salaires et d'extension des réformes sociales. Ces décisions contradictoires n'empêchèrent pas la croissance de l'inflation.
En août 1954, en pleine campagne électorale législative, un officier de l'armée de l'air trouva la mort dans un attentat dirigé contre un directeur de presse anti-Vargas. Cette mort amena l'armée à exiger la démission de Vargas. Le 24 août, Vargas accepta de laisser provisoirement le pouvoir au vice-président João Café Filho, avant de se suicider quelques heures plus tard.
L'ancien gouverneur du Minas Gerais, Juscelino Kubitschek, réunissait le soutien des partisans de Vargas et des communistes, ce qui lui permit de remporter les élections présidentielles d'octobre 1955. Sitôt sa prise de fonction, en janvier 1956, il annonça un ambitieux plan quinquennal de développement économique, suivi d'un emprunt auprès de banques américaines, d'un montant supérieur à 150 millions de dollars. C'est également à cette époque que furent approuvés les plans de la future capitale fédérale : Brasília.
Jânio da Silva Quadros, ancien gouverneur de São Paulo, devint président du Brésil en janvier 1961. Il entreprit aussitôt une politique d'austérité économique. Puis, sans autre explication que l'évocation imprécise de "forces de la réaction" entravant ses efforts, Quadros démissionna en août 1961.
Son vice-président João Goulart lui succéda. Mais cette succession ne se fit pas sans difficulté. Les militaires commencèrent par s'y opposer, accusant Goulart d'avoir de la sympathie pour le régime castriste cubain. Un compromis fut toutefois trouvé. La Constitution fut amendée de façon à confisquer la plupart des pouvoirs exécutifs du Président en faveur du Premier ministre et du gouvernement, responsables devant le Congrès. Goulart put entrer en fonction en septembre 1961.
Au mois de mars 1964, quelques jours après s'être montré dans un meeting ouvrier, Goulart était renversé par un coup d'État militaire et devait fuir en Uruguay. Le chef d'état-major de l'armée, le général Humberto Castelo Branco devenait président de la République.
En 1965, une loi réduisit les libertés civiles, augmenta le pouvoir du gouvernement et confia au Congrès le soin de désigner le président et le vice-président.
En 1966, l'ancien ministre de la Guerre, le maréchal Artur da Costa E Silva, candidat du parti gouvernemental l'Arena (parti de la renaissance nationale), fut désigné président. Le Mouvement démocratique brésilien, seul parti d'opposition toléré, avait refusé de présenter un candidat en réaction à la privation des droits électoraux des adversaires les plus farouches du gouvernement militaire.
En décembre 1968, tirant les conséquences de l'agitation sociale et politique, Costa se donna des pouvoirs illimités et put ainsi effectuer des purges politiques, des coupes sombres dans l'économie et imposer la censure.
En août 1969, il fut frappé par une attaque cérébrale. Les militaires choisirent le général Emilio Garrastazú Médici pour lui succéder, choix approuvé par le Congrès. Mais la contestation se faisait de plus en plus vive dans le pays.
C'est dans ce contexte que le général Ernest Geisel, président de Petrobras, société pétrolière nationalisée, accéda au pouvoir en 1974. Il commença par établir une politique plutôt libérale en desserrant la censure sur la presse et en permettant aux partis d'opposition de reprendre une activité politique légale. Mais ces mesures furent en partie annulées en 1976 et en 1977. En 1979, un autre militaire, João Baptista de Oliveira Figueiredo, succéda à Geisel.
Ce fut finalement en 1985 que fut élu, Tancredo Neves, le premier président civil brésilien depuis vingt et un ans. Mais il mourut avant d'entrer en fonction. Le vice-président José Sarney le remplaça. Confronté à un rebond de l'inflation et à une dette extérieure considérable, Sarney imposa un programme d'austérité comprenant l'émission d'une nouvelle monnaie, le cruzado. Pour affermir la démocratie, une nouvelle constitution entra en vigueur en octobre 1988.
C'est dans le cadre de cette nouvelle constitution prévoyant l'élection du président au suffrage direct que fut élu, en décembre 1989, Fernando Collor de Mello, candidat du parti conservateur de reconstruction nationale. Ses mesures drastiques de lutte contre l'inflation provoquèrent une des plus graves récessions que le Brésil ait jamais connues en une décennie. Par ailleurs, des rumeurs de plus en plus précises de corruption commencèrent à circuler sur le président Collor.
Chambre des députés entama une procédure à l'encontre de Collor pour motif de corruption. Le vice-président Itamar Franco fut chargé d'assurer l'intérim. Tous recours épuisés, Collor finit par démissionner le 29 décembre 1992. Franco fut alors officiellement investi comme président du Brésil.
À la fin de 1994, les élections présidentielles virent la victoire de Fernando Henrique Cardoso qui prit ses fonctions le 1er janvier 1995.
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