Géographie
Très allongée (1 200 km de long) et ne dépassant pas 191 km de large, l'île de Cuba est généralement plate, hormis quelques régions de basses montagnes : les collines de Guaniguanico (699 m d'altitude), à l'ouest de La Havane, le massif de l'Escambray (1 140 m) et la sierra de Trinidad, au centre, la sierra de Los Organos, dans la partie occidentale, et surtout la sierra Maestra, au sud-est, qui culmine au pic Turquino (1 972 m) et qui surplombe la fosse de Bartlett (environ 7 000 m de profondeur).
L'île compte plus de 200 rivières, dépassant rarement 40 km de long, aucune n'est vraiment importante et leur niveau varie fortement en fonction des précipitations. Seul le río Cauto (240 km), qui se jette au sud-est dans le golfe de Guacanayabo, est en partie navigable.
Les innombrables îles et îlots (cayos) qui entourent Cuba représentent une superficie d'environ 3 500 km2 et sont répartis en cinq grands groupes - d'ouest en est : los Colorados, Sabana, Camagüey, Jardins de la Reine, los Canarreos - auxquels il convient d'ajouter l'île de la Jeunesse (anciennement île des Pins), la plus vaste avec une superficie de 2 200 km2.
Le climat de Cuba est tropical et humide. Les températures moyennes varient de 20°C en janvier (mois sec et frais) à 27°C en juillet (mois chaud et humide). La saison des pluies s'étend de mai à octobre.
Société
La population cubaine est estimée à 11 millions d'habitants.
Environ 66% des Cubains sont d'origine espagnole, 22% sont des métis et 12% des Noirs, descendants des esclaves amenés dans l'île au XVIIe siècle. Il n'existe quasiment aucun descendant des Indiens Ciboneyes, Guanajuatabeyes et Taïnos, qui habitaient l'île avant sa découverte par Christophe Colomb.
Cuba est divisée en 14 provinces, auxquelles s'ajoute la municipalité de l'île de la Jeunesse.
La Havane, capitale et premier port du pays, abrite une population estimée à 2 078 000 habitants (1993). Les autres villes importantes sont : Cienfuegos (360 000 habitants), Santiago de Cuba (356 000 habitants), Camagüey (279 000 habitants), Holguín (222 800 habitants), Santa Clara (177 000 habitants), Guantánamo (174 000 habitants), et Matanzas (105 000 habitants).
Gouvernement et vie politique
Cuba est régie par la Constitution de 1976, amendée ultérieurement, qui définit le pays comme un "État socialiste des ouvriers et des paysans", au sein duquel les pouvoirs appartiennent au prolétariat. Le Parti communiste cubain (PCC) est le seul parti légal. Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée nationale du pouvoir populaire (589 membres élus pour cinq ans au suffrage universel), qui tient deux sessions annuelles et élit le Conseil d'État. Ce dernier est formé par un président, six vice-présidents et un secrétaire. L'Assemblée nomme également un Conseil des ministres, principal corps administratif.
Fidel Castro, le lider máximo, premier secrétaire du Parti communiste cubain, président du Conseil d'État et du Conseil des ministres, commandant en chef des forces armées, a désigné comme successeur son frère, Raúl Castro, second secrétaire du Parti et premier vice-président des deux Conseils.
L'espagnol est la langue officielle de Cuba mais, comme dans tous les pays d'Amérique latine, il comporte du vocabulaire d'origine africaine ou indienne.
Economie
Le gouvernement révolutionnaire installé au pouvoir depuis 1959 a nationalisé 90% du secteur industriel et 70% des terres agricoles. L'effondrement du bloc soviétique, privant Cuba de ses principaux soutiens et de ses partenaires commerciaux, ainsi que le maintien de l'embargo imposé par les États-Unis en 1960, pèsent lourdement sur l'économie nationale. L'ouverture économique du pays s'accroît cependant depuis 1993, date à laquelle Fidel Castro a signé un décret autorisant quelques investissements privés et l'établissement de zones franches. D'autre part, les autorités s'efforcent de développer le tourisme international, misant sur les nombreuses possibilités offertes par l'île dans ce domaine.
Le secteur primaire occupe 23% de la population active.
Cuba est le 6e producteur mondial de sucre et la canne à sucre occupe le tiers de la surface cultivée du pays. Viennent ensuite le riz, la patate douce et le tabac, majoritairement cultivé à l'ouest et au centre-ouest, et dont la récolte (50 000 tonnes par an) sert en grande partie à la fabrication de cigares de réputation mondiale. Les autres productions agricoles sont le café, les agrumes, les ananas, les mangues, le maïs et les cultures maraîchères.
Des pêcheries modernes ont été implantées, mais le pays, s'il est un grand producteur et exportateur de langoustes, a vu la quantité de poisson pêchée enregistrer un fort recul à partir de la fin des années 1980.
L'extraction minière concerne essentiellement le nickel (9e rang mondial), le cuivre, le manganèse, le chrome et le zinc.
Le tourisme est en passe de devenir la première activité économique du pays. Considérable avant la révolution, il est aujourd'hui en constante augmentation et constitue une source de devises particulièrement importante pour le. L'île a accueilli environ un million de visiteurs en 1995.
L'unité monétaire de Cuba est le peso cubain, divisé en 100 centavos.
Histoire
Cuba fut découverte par Christophe Colomb le 28 octobre 1492, lors de son premier voyage vers ce qu'il croyait être l'empire du grand Khan. L'île était alors habitée par environ 100 000 Amérindiens : Guanajuatabeyes, Ciboneyes, Taïnos, Arawaks, ainsi que par des tribus anthropophages, les Caribes. L'île fut baptisée d'après son nom indigène, Cubanascan. Juan de la Cosa fit des relevés cartographiques et Sebastián de Ocampo fut le premier Européen à en faire le tour complet, en 1508.
La colonisation de Cuba commença en 1511, sous l'égide de Diego Velázquez de Cuellar, nommé gouverneur de l'île et fondateur de Baracoa, de Santiago de Cuba (1514) et de La Havane (1519). En moins de cinq ans, la population indigène de tempérament pacifique, systématiquement massacrée, fut réduite à quelques centaines d'individus. En outre, base de ravitaillement pour les expéditions espagnoles vers le Mexique et le Panamá, Cuba possédait des réserves d'or qui furent rapidement épuisées. L'administration locale fut donc en charge de promouvoir de nouvelles activités économiques : le tabac, les plantes tinctoriales, puis la canne à sucre connurent un essor considérable, favorisé par l'importation d'esclaves africains. Sorte d'"avant-port" américain sur la route de l'Europe, l'île devint commercialement très active.
Dès le début du XIXe siècle, les différends entre les Espagnols et les Créoles s'exacerbèrent. Les autorités locales durent faire face aux aspirations à l'indépendance de tous les peuples de l'Amérique espagnole. À Cuba, le mouvement connut un véritable essor grâce à l'action de Carlos Manuel de Céspedes. Riche propriétaire d'un domaine sucrier, franc-maçon, il libéra ses esclaves et appela ses compatriotes à la révolte, constituant des groupes de manzanilleros et déclenchant la guerre de Dix Ans (1868-1878).
À l'issue du conflit perdu par les insurgés, le pacte de Zanjón (10 février 1878) accorda d'importantes concessions aux Cubains. L'île fut dotée d'une certaine autonomie, l'esclavage fut aboli en 1880 et l'égalité des droits entre les Blancs et les Noirs, proclamée en 1893. Les conséquences du pacte atteignirent le domaine politique, avec la constitution des premiers partis politiques, ainsi que le secteur économique, puisque les entreprises américaines augmentèrent leurs investissements dans la région.
L'indépendance
Les réformes mises en place furent finalement peu suivies d'effet et les Cubains s'insurgèrent de nouveau en février 1895, sous le commandement de José Martí et des généraux Antonio Maceo et Máximo Gómez. Martí et Maceo étaient à la tête du Parti révolutionnaire cubain, créé en 1891, au cours d'une période où les mouvements politiques se multipliaient : Parti de l'union constitutionnelle (1878), Parti réformiste (1893), Parti autonomiste et Parti libéral (1878). Les États-Unis, qui contrôlaient déjà le marché du sucre cubain, intervinrent au côté des insurgés en avril 1898, précipitant la guerre hispano-américaine, provoquée par la perte du Maine, un navire de guerre américain que l'Espagne fut accusée d'avoir torpillé. Le traité de Paris du 10 décembre 1898 mit fin au conflit, l'Espagne renonça à sa souveraineté sur l'île et un gouvernement militaire fut mis en place par les Américains.
La république de Cuba fut formellement instituée le 20 mai 1902, et sa Constitution intégra l'amendement Platt, autorisant l'intervention américaine dans les affaires du pays et l'installation de deux bases navales à Cuba, en contrepartie de privilèges douaniers.
Le 10 mars 1952, l'ancien président Batista s'empara du pouvoir avec l'appui de l'armée. Soutenu dans un premier temps par les syndicats et les communistes, son régime devait être celui de l'arbitraire et de la corruption. La mainmise des capitaux étrangers sur l'économie du pays s'accrut encore : dans les années 1950, les Américains contrôlaient 90% des mines de nickel et des exploitations agricoles, 80% des services publics, 50% des chemins de fer et, avec le Royaume-Uni, toute l'industrie pétrolière.
Une opposition non institutionalisée se développa alors autour de certains intellectuels. En 1953, Batista écrasa une tentative de soulèvement dirigée par Fidel Castro, un jeune juriste, qui fut jetté en prison. Réélu sans opposition l'année suivante, le dictateur octroya une amnistie aux prisonniers politiques, Castro choisit alors de s'exiler au Mexique.
La révolution castriste
Le 2 décembre 1956, Fidel Castro débarqua au pied de la sierra Maestra avec 80 insurgés. Mis en échec par l'armée, les rebelles purent toutefois rejoindre le maquis, parmi eux, Che Guevara, jeune médecin et révolutionnaire argentin, compagnon d'armes de Castro. Pendant deux ans, ceux qu'on appellait les barbudos allaient mener une guérilla sournoise contre l'armée régulière, s'assurant progressivement du soutien d'une grande partie de la population. Hésitants sur la politique à suivre, les États-Unis suspendirent leurs livraisons d'armes à Batista en mars 1958. Le succès de la contre-offensive des insurgés amena le dictateur à quitter le pays le 1er janvier 1959.
Un gouvernement provisoire fut nommé, avec à sa tête Fidel Castro, un homme qui se voulait au-dessus des partis. Rapidement, une réforme agraire, confisquant des terres aux Américains, fut lancée, les raffineries de sucre et de pétrole furent nationalisées. La politique de grands travaux mise en œuvre eut pour effet de résorber le chômage, des programmes destinés à améliorer l'éducation et la santé publique devaient bientôt porter leurs fruits.
En octobre 1960, Washington imposa à l'île un embargo commercial. La rupture totale des relations diplomatiques se produisit en janvier 1961 et, le 17 avril, un commando d'exilés anticastristes soutenus et entraînés par les États-Unis débarqua dans la baie des Cochons, au sud de l'île. L'échec de cette tentative d'invasion accéléra l'orientation socialiste du régime.
Le 14 octobre 1962 éclata la crise des Fusées : les États-Unis découvrirent à Cuba des rampes de lancement de missiles fournies par l'Union soviétique. Le président américain John F. Kennedy annonça alors un blocus naval de l'île. Après plusieurs jours de négociations, pendant lesquels une guerre nucléaire semblait imminente, le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev accepta de retirer ses missiles. En 1965, les gouvernements cubain et américain signèrent un accord permettant aux Cubains d'émigrer aux États-Unis. Plus de 260 000 personnes quittèrent l'île avant la fin officielle du pont aérien en 1973.
En novembre 1993, l'Assemblée générale de l'ONU, soutenue par l'ensemble des pays d'Amérique latine, vota une résolution demandant la fin de l'embargo américain et une proposition de loi fut déposée dans ce sens au Congrès des États-Unis, sans succès.
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